Sur un livre censuré

revue D.E.M.A.II.N n° 37 de septembre 2023 (lien sur la revue) voir page 40 que le livre de Manu Causse Bien trop petit éditions Magnier 2022 lien babelio a été interdit aux mineurs Arrêté du 17 juillet 2023 portant interdiction de vente aux mineurs d’une publication – lien legifrance – 

Manu Causse – titre Bien trop petit – éditions Magnier 2022 – Comme le texte frise avec le pornographique (partie écriture d’une fiction par l’adolescent) je comprends un peu la censure ! Cela dit il est aussi question de harcèlement, de la relation parents-enfant (des parents psy qui gèrent la connexion wifi de l’adolescent, qui choisissent le film du vendredi soir) le cliché sur « la dame du CDI » la rencontre sur les réseaux sociaux Sur babelio Grégoire est à deux doigts de ne plus jamais sortir de sa chambre. Tout, plutôt que retourner au lycée où un camarade de vestiaires s’est moqué de la taille de son sexe. L’adolescent en est à présent persuadé : sa vie est fichue, il finira seul – et sans doute puceau. Il se plonge dans le seul plaisir qu’il lui reste : l’écriture. Max Egrogire et Chloé Rembrandt, ses personnages de fanfiction, lui font oublier sa détresse. Mais leurs aventures imaginaires attirent l’attention. À travers une étrange correspondance qui se tisse alors, Grégoire va découvrir que désir et plaisir sont peut-être moins liés à son anatomie qu’il ne le croyait… babelio 

Les réactions –

Clémentine Beauvais, autrice sur sa page facebook ou lien sur la page

« Je ne vais pas écrire de #wheniwas15 parce que j’ai rien de spécial à ajouter, mais en revanche sur l’affaire Bien Trop Petit de Manu Causse Plisson il me semble qu’il y a quelque chose qui a été Bien Trop Peu dit : Le livre de Manu n’est pas juste un bouquin érotique pour ados, c’est un bouquin sur *l’écriture érotique* plus généralement. Le héros, frustré de sa petitesse phallique autoperçue, se met à écrire sur internet des textes érotiques, qui sont lus, et, de manière encore plus intéressante, commentés, par un autre personnage. Il y a des passages hilarants (Manu est toujours hilarant) mais aussi hyper malins dans ce roman : les pages de ce qui est, en vérité, de la *critique littéraire des textes érotiques* écrits par le héros, avec commentaires, suggestions, etc., et de nombreuses remarques notamment sur ce qui fait la qualité littéraire, la fraîcheur, l’intérêt d’une scène de sexe en littérature. En somme, des réflexions sur ce que ça veut dire d’écrire littérairement des scènes de sexe. Il est d’autant plus idiot de censurer un livre ado quand celui-ci contribue à l’esprit d’analyse et de critique face au contenu pornographique lambda auquel, comme nombre de personnes l’ont noté, les ados peuvent accéder sans demander la permission à quiconque. Cette censure, de plus, est véritablement le fruit d’une *mauvaise lecture* de la part des censeurs, puisque les passages soi-disant « porno » relevés font justement partie du texte écrit par l’ado – dans cette mise en abyme, il faut être vraiment naïf ou vraiment mauvais lecteur pour voir une offense au bon goût ou aux bonnes mœurs. C’est littéralement fait exprès. On a beaucoup parlé, et tant mieux, grâce à cette affaire, de l’extrême toxicité des livres porno pour adultes lus en vastes quantités par des ados, et qui n’ont pas l’honneur d’attirer l’attention de Monsieur le ministre de l’intérieur. Ce qu’il faut dire et répéter c’est que ces livres ne sont pas seulement toxiques idéologiquement, ils sont surtout abominablement mal écrits, d’une indigence lexicale crasse, sans aucun style et aucun humour (alors que chez Manu on se tape des barres et en plus c’est chou et émouvant.) Le bouquin de Manu, comme toute la collection l’Ardeur, est pensé pour fournir de la littérature ado érotique de qualité qui compense non seulement politiquement, mais aussi *stylistiquement* l’esthétique médiocre-à-abyssalement nulle de 99 % du contenu érotique consommé par les adolescents et aussi par les adultes. On peut discuter, bien sûr, du principe même de proposer du contenu érotique littéraire aux ados. Mais si on a deux neurones de connectées, on voit l’absurdité de censurer un contenu aussi intéressant sur le plan littéraire quand tant d’énormes bouses trustent l’imaginaire sexuel et sensuel des ados. Les ados qui lisent l’Ardeur cultivent une sensibilité littéraire qui les rendra réceptifs et critiques quand ils liront Lolita. Les censeurs de l’Ardeur sont apparemment infoutus de lire correctement une scène de roman et viennent donner des leçons d’éducation morale et littéraire. Vive Manu et surtout, vive le cul bien écrit ! » (avec ajouts de quelques espacements)

Olivier Ertzscheid sur son blog titre Ce que Gérald Darmanin avait de bien trop petit. –  « Interdire un livre n’est pas chose courante. Interdire un livre au 21ème siècle, en France, n’est pas chose courante. Interdire à la vente aux mineurs un livre jeunesse au 21ème siècle en France n’est pas une chose courante. On se réveille un peu groggy lorsque l’on apprend la nouvelle. » …/… : https://affordance.framasoft.org/2023/08/gerald-darmanin-a-un-truc-bien-trop-petit/ où vous trouverez aussi la liste des livres interdits et censurés depuis 20 ans. et lien Liste de livres censurés en France wikipédia

Nicolas Mathieu et Thierry Magnier préparent un poche d’“histoires de cul” – Bien Trop Petit — Scandalisé par l’interdiction aux mineurs du livre Bien trop petit, de Manu Causse (éditions Thierry Magnier), par le ministère de l’Intérieur, l’écrivain Nicolas Mathieu avait appelé, sur Instagram, à la publication d’« histoires de cul ». Un « Insta libre », sur le modèle de la « radio libre », en quelque sorte, mais orienté vers les textes et autres œuvres qui ont compté pour la création et la libération des désirs adolescents. Un livre de poche émergera de ce mouvement, en octobre prochain, chez Thierry Magnier, évidemment.: https://actualitte.com/article/112904/edition/nicolas-mathieu-et-thierry-magnier-preparent-un-poche-d-histoires-de-cul

Radio France – critique littéraire (et non morale) du texte Littérature jeunesse et sexualité : cachez ce livre que je ne saurais voir ! durée audio 5 min. : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lectures-jeunesse/litterature-jeunesse-et-sexualite-cachez-ce-livre-que-je-ne-saurais-voir-3628787

Ricochet – Après une remarque à la piscine sur la petite taille de son sexe, Grégoire refuse de sortir de chez lui. Ses parents, deux psychologues, cherchent à comprendre. Car Grégoire n’est pas dépressif, juste inhibé. Il se venge dans l’écriture sur une plate-forme de partage : ses textes deviennent de plus en plus érotiques voire pornographiques. Une lectrice le suit assidûment, et leurs échanges vont faire évoluer peu à peu Grégoire. La collection L’ardeur appartient à la littérature pour jeunesse (autorisation loi 1949) avec une estampille pour les plus de quinze ans : « Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes. Ou pas ». L’auteur ne s’interdit aucune scène, aucun mot, aucune sensation. Et comme il écrit bien, ça passe très bien. Ou cela choquera certains, comme l’éditeur le signale. Il n’empêche que Manu Causse s’attaque à l’universelle problématique du complexe à l’adolescence, qui peut aller au ravage si l’on n’est pas inventif et réflexif comme le narrateur Grégoire. J’ai beaucoup aimé, mais je suis une adulte et on peut me parler frontalement. Ce sera donc à chacun, en concertation si besoin avec un adulte, de décider non pas si, mais quand il pourra lire ce roman. Sophie Pilaire – L’avis de Ricochet

J’avais laissé en attente cet article, et en lisant l’article Exit Pouchkine, Dostoïevski, Tolstoï… Grand ménage dans les bibliothèques d’Ukraine article de Florence Aubenas Le Monde du 3 mars 2024 que j’ai indiqué dans Livres qui parlent de livres j’y ai soudain repensé et je publie !

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Publié par bernadette1couturier

Ancienne Professeur, puis Documentaliste, maintenant à la retraite, j'ai eu envie de tenir un blog sur des faits qui se sont produits un certain jour. En ajoutant des liens intéressants.

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