Quel temps pour soi ?

Programme limitatif pour les années scolaires 2024-2025, 2025-2026 et 2026‑2027 – Rythmes et cadences de la vie moderne : quel temps pour soi ?

Le programme de la classe terminale professionnelle prévoit un seul objet d’étude : « Vivre aujourd’hui : l’humanité, le monde, les sciences et la technique ». Pour définir une entrée pertinente dans les enjeux et débats du monde contemporain, l’objet d’étude est précisé par un programme limitatif. Ce dernier détermine un thème à travailler et propose une bibliographie dans laquelle le professeur choisit une œuvre et construit un corpus.

Problématique

La manière de vivre le temps est au cœur des préoccupations de la modernité. La technique a produit un temps accéléré, « l’homme pressé » du début du XXe siècle ou soumis aux cadences infernales des machines de la révolution industrielle, comme Charlot sur la chaîne de montage des Temps modernes. Ajout Les Temps modernes (film) sur Wikipédia – À cette précipitation devenue peut-être une explosion du temps dans l’immédiateté généralisée de l’ère numérique répondent cependant les aspirations à disposer d’un temps de loisir, du temps de vivre. Comment passer de l’inéluctable temporalité de la condition humaine à l’appropriation du temps, qui devient « mon » temps ? Comment concilier l’objectivité d’un temps compté, social, et la vie d’un temps personnel ? Comment passer du temps des obligations au temps pour soi ? Comment « prendre » du temps, ce qui signifierait, au lieu de le subir, de se l’approprier ? Entre temps de pause, temps de travail, temps de transport, temps de loisir, l’émiettement du temps apparaît peut-être comme l’un des problèmes majeurs de l’humanité dans des existences qui ne cessent de balancer entre l’éphémère et l’appétit de durée. Si l’on ne parvient pas à « prendre son temps », ne risque-t-on pas aussi de passer à côté de sa vie ?

Proposer, dans le cadre de l’objet d’étude de la classe de terminale pour programme limitatif, « Quel temps pour soi ? », c’est donc inviter les élèves, à travers l’analyse d’une œuvre littéraire et d’une séquence appuyée par un groupement de textes divers, notamment de littérature d’idées entendue au sens large, d’œuvres artistiques, de supports et de documents variés, à une réflexion approfondie qui pourra se nourrir de leur expérience quotidienne, et de la sorte réfléchir plus généralement à nos manières de vivre. Faut-il toujours gagner du temps pour pouvoir en reprendre ? Comment distinguer « prendre son temps » et « perdre son temps » ? Quels rôles jouent la vitesse et la lenteur dans nos vies ? Quels liens encore envisager entre le temps individuel et les temps collectifs, sans compter ceux qui rythment la nature, et dans lesquels nous baignons ? De la pratique inscrite dans la vie des lycéens professionnels (les différents temps de formation, le temps privé et le temps de travail, les projets de conciliation de travail et de vie personnelle, etc.) à la réflexion des écrivains, jusqu’au temps arrêté de certaines œuvres contemplatives, ou domestiqué par les cadences de la musique, l’objet d’étude offre ainsi une prise sur une des questions les plus pressantes des rapports entre l’humanité, le monde, les sciences et la technique.

Œuvres au choix

Les professeurs choisiront l’une des œuvres suivantes à travailler avec les élèves :

  • Récits

Livre lu * Métier Écrivain – Auteur Leïla Slimani – Le parfum des fleurs la nuit – ma nuit au musée – Dans ce récit autobiographique, l’auteur parle beaucoup de l’écriture et de l’inspiration. Pour ce livre elle accepte de passer seule la nuit enfermée au musé de la Pointe de la Douane à Venise. Bernadette C. – Sur babelio Comme un écrivain qui pense que « toute audace véritable vient de l’intérieur », Leïla Slimani n’aime pas sortir de chez elle, et préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d’une nuit blanche à la pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d’art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ? Autour de cette « impossibilité » d’un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leila Slimani nous parle d’elle, de l’enfermement, du mouvement, du voyage, de l’intimité, de l’identité, de l’entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la pointe de la Douane, comme la cité sur pilotis vouée à la destruction et à la beauté, s’enrichissant et empruntant, silencieuse et raconteuse à la fois. C’est une confession discrète, où l’auteure parle de son père jadis emprisonné, mais c’est une confession pudique, qui n’appuie jamais, légère, grave, toujours à sa juste place : « Écrire, c’est jouer avec le silence, c’est dire, de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle ». C’est aussi un livre, intense, éclairé de l’intérieur, sur la disparition du beau, et donc sur l’urgence d’en jouir, la splendeur de l’éphémère. Leila Slimani cite Duras : « Écrire, c’est ça aussi, sans doute, c’est effacer. Remplacer. » Au petit matin, l’auteure, réveillée et consciente, sort de l’édifice comme d’un rêve, et il ne reste plus rien de cette nuit que le parfum des fleurs. Et un livre. Babelio Stock 2021

Sur métiers (écrivain) et page métier Écrivain

Jean EchenozCourir – Editions de Minuit 2008 – 141 p. On a dû insister pour qu’Émile se mette à courir. Mais quand il commence, il ne s’arrête plus. Il ne cesse plus d’accélérer. Voici l’homme qui va courir le plus vite sur la Terre. babelio – lien sur la lecture critique de Migdal 8 août 2021 Emile Zatopek fut à la fois un coureur qui domina l’athlétisme après guerre, un officier tchèque héros du socialisme soviétique, puis un dissident condamné aux travaux forcés après le printemps de Prague. Jean Echenoz rappelle le contexte troublé dans lequel grandit Emile qui subit l’annexion de sa patrie par le III Reich, puis l’occupation par l’armée rouge et décrit l’ascension de cet autodidacte au physique extraordinaire. Une biographie à la gloire d’un homme discret, simple, modeste qui souffrit d’être encensé durant la décennie où il domina le sport mondial. Une évocation d’une époque où le fric n’avait pas mis la main sur le sport pour en faire un jeu ou un spectacle.

Indiqué sur  – sport –

Sur mon blog Emil Zatopek (1922-2000) sportif – 19 septembre 1922 – médailles – 20 juillet 1952 – marathon, 5 000 et 10 000 mètres mêmes J.O. 27 juillet 1952 – record du monde 5000 m 30 mai 195422 novembre 2000

Boris VianL’écume des jours – Le livre de poche 2002 – Dans un univers mêlant quotidien et onirisme, ce premier roman conte les aventures de Colin, de Chick, d’Alise et de la belle Chloé. Deux histoires d’amour s’entremêlent : Colin est un jeune homme élégant, rentier, qui met fin à son célibat en épousant Chloé, rencontrée à une fête, tandis que son ami Chick, fanatique transi du philosophe vedette Jean-Sol Partre, entretient une relation avec Alise. Tout irait pour le mieux sans les forces conjuguées de la maladie (Chloé est victime d’un « nénuphar » qui lui dévore le poumon) et du consumérisme (Chick consume ses ressources dans sa passion pour Jean-Sol Partre) qui s’acharnent sur les quatre amis. La plume alerte de Boris Vian, qui multiplie les néologismes poétiques et les jeux de mots (le pianocktail, le biglemoi, les doublezons…) semble le faire par politesse, car sous ses dehors de roman d’amour pour éternels adolescents, l’Écume des Jours est un piège qui étouffe petit à petit le lecteur et les personnages. À l’image de la maladie de Chloé qui s’étend, la légèreté et l’innocence qui ouvrent le roman sont progressivement contaminées par le drame. Un classique moderne, salué à sa sortie par Raymond Queneau comme « le plus poignant des romans d’amour contemporains ». babelio

« l’Écume des jours », de Boris Vian (Alchimie d’un roman, épisode n° 39) lien vidéo 11 minutes

« L’écume des jours » de Boris Vian France culture 1 h 55

Sur mon blog Boris Vian (1920-1959) – 10 mars 1920 – 23 juin 1959LV FC biographie + BD bd Boris Vian + liens articles Le Monde

Sur page Romans dans une courte vidéo et page Aimer 

  • Poésie

Poésie – Thierry MetzLe journal d’un manœuvre Gallimard 1990 – 128 p. – « C’est que vivre a quelque chose de terriblement élémentaire. Chaque matin l’âme se réveille toute nue, et le travail, la douleur, les gens, l’absence sont debout, bras croisés, à l’attendre avec un dur regard d’exterminateur. Mais chaque soir, quand la fatigue ne l’a pas anesthésié, Thierry Metz note la part respirable des heures qu’il a traversées. Ce que nous pouvions prendre pour un univers de médiocrité banale se trouve être une merveille. Elle ne nous retient pas par la manche comme font les vendeurs forains. Elle parle à mi-voix et l’entende qui veut. Elle dit Qui que tu sois, tes instants ne contiennent rien d’autre, mais ils sont des miracles.  » Jean Grosjean. babelio

Sur page métiers (manœuvre) et travail 

Poésie – James SacréFigures qui bougent un peu et autres poèmes – Gallimard 2016 Poitevine ou américaine, mais tout autant jardin ou même espace urbain parisien. Cette saisie globale de l’espace se double d’une attention particulière au détail : l’œil s’arrête sur le vert d’un pré ou  » des coins de nature où l’autrefois se défait  » ; ce peut être aussi un objet particulier, une  » pomme troche  » par exemple, qui va enclencher le processus de mémoire, l’évocation d’autres lieux, une réflexion sur le temps, ou le développement d’une résonance affective. Le poème de Sacré ne cesse d’établir des ponts, des relations dans l’espace et le temps :  » un pied dans la Nouvelle Angleterre l’autre en Poitou « . Le plus souvent, le mouvement de l’écriture va du dehors vers le dedans, de la réalité vers son impact interne sur la sensibilité du poète, créant ainsi un jeu complexe d’échos. En somme, Sacré peut varier la forme tant qu’il veut puisqu’il reste dans la même unité tonale de langue, la sienne :  » des phrases comme une musique plutôt que du sens « . La langue est poussée dans ses retranchements, ses limites, sans devenir obscure ou illisible. En cela, Sacré pourrait être un exemple de poète expérimental clair. S’il ne fait pas allégeance à une langue noble, ce n’est pas par désir de provocation gratuite mais parce que c’est une langue proche de celle qu’il parle et que parlent ceux dont il parle. Ceci posé, lisant, on mesure l’écart produit par l’élaboration du poème entre cette langue commune, sans grands mots, et la langue poétique finale, bien plus complexe dans ses plis et méandres que ne l’est le langage populaire ou paysan, tel qu’on l’entend ou l’imagine. Poésie incarnée. Elle accompagne la vie, la mort, les choses et leur cours, dans une forme de lyrisme personnel. Ce livre touche profondément le lecteur par la situation humaine qu’il évoque, la maladie et la mort d’un enfant, mais aussi par sa pudeur.  » Antoine Emaz babelio

  • Théâtre

Théâtre – Marguerite DurasLe Square – Gallimard 1990 – 148 p. « C’étaient des bonnes à tout faire, les milliers de Bretonnes qui débarquaient dans les gares de Paris. C’étaient aussi les colporteurs des petits marchés de campagne, les vendeurs de fils et d’aiguilles, et tous les autres. Ceux – des millions – qui n’avaient rien qu’une identité de mort. Le seul souci de ces gens c’était leur survie : ne pas mourir de faim, essayer chaque soir de dormir sous un toit. C’était aussi de temps en temps, au hasard d’une rencontre, PARLER. Parler du malheur qui leur était commun et de leurs difficultés personnelles. Cela se trouvait arriver dans les squares, l’été, dans les trains, dans ces cafés des places de marché pleins de monde où il y a toujours de la musique. Sans quoi, disaient ces gens, ils n’auraient pas pu survivre à leur solitude. » Marguerite Duras. babelio

Sur mon blog – Marguerite Duras -Marguerite Germaine Marie Donnadieu- (1914-1996) – 4 avril 1914 biographie ►Lpc LSLV – adaptation cinématographique de l’amant 22 janvier 1992 3 mars 1996

Pour la ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, et par délégation, Le chef du service de l’accompagnement des politiques éducatives, Jean Hubac Source BO n°8 du 22 février 2024 lien et plus précisément Programme limitatif de français de la classe terminale 

Livres ajoutés

Livre lu Auteur Albecker Marie-Fleur – Une maman parfaite – Aux Forges de Vulcain 2024 – Roman sur les vicissitudes de la grossesse et de l’accouchement, sur l’allaitement et les avis contradictoires quant à ce qui doit être fait pour un bébé, sur le sommeil et la vie de couple. Sur babelio – Anna est féministe et engagée. Anna veut un enfant à tout prix. Elle conçoit son expérience de la maternité comme un projet de couple, comme une nécessité personnelle, tout en soutenant le droit à l’avortement et les parents seuls. Pourtant, Mathias ne se sent pas prêt. Elle a trente-et-un ans, et les gens de son entourage (ses amies, sa mère, son gynéco, les amies des amies de sa grand-mère) lui rappellent en permanence que l’horloge tourne. Mais le processus s’avère plus compliqué que prévu, et l’écart entre espoirs et réalité force Anna à remettre en question toutes ses idées préconçues sur la maternité. Un roman politique, contemporain, ironique et perspicace, sur les vicissitudes de la grossesse, sur le choix conscient d’avoir, ou pas, des enfants. babelio À propos de Quel temps pour soi ? voir le chapitre XI Trouver le temps p. 227 à 240 – où il est question du temps à soi que peut trouver la mère et le père d’un jeune enfant –

Paul MorandL’homme pressé – Gallimard 1990 – Pierre gâche tout, l’amitié, l’amour, la paternité, par sa hâte fébrile à précipiter le temps. A cette allure vertigineuse, il ne goûte plus ce qui fait le prix de la vie, ni les moments d’intimité que sa femme Hedwige lui ménage, ni la poésie des choses. Il se consume et consume les siens en fonçant vers un but qu’il renouvelle, chaque fois qu’il l’atteint.  » A quoi reconnaître qu’on est arrivé si l’on ne s’arrête jamais ?  » demande la sage Hedwige. Pierre saura trop tôt qu’il ne se hâtait ainsi que pour arriver plus vite au rendez-vous de la mort. babelio

Dernière mise à jour 04.03.2024

Publié par bernadette1couturier

Ancienne Professeur, puis Documentaliste, maintenant à la retraite, j'ai eu envie de tenir un blog sur des faits qui se sont produits un certain jour. En ajoutant des liens intéressants.

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer